Bref rappel historique du concept d’angoisse :
Ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du XIXème siècle qu’apparaît le concept d’angoisse dans le domaine de la pathologie. Jusqu’alors, on considérait les peurs irraisonnées comme une erreur de jugement proche du délire ou une expression, parmi d’autres, des passions tristes.
Un psychiatre français, Bénédict Morel (1809-1873) décrit en 1886 le « délire émotif » dont il attribue la cause à un désordre du système nerveux végétatif, trouble qui concerne l’ensemble des troubles anxieux et dépressifs.
Le concept de neurasthénie apparaît peu de temps après. Il désigne un état d’épuisement du système nerveux, des manifestations d’inquiétude psychique et de sensations corporelles diverses.
Sigmund Freud fut le premier à décrite la névrose d’angoisse et les différentes manifestations de l’angoisse : l’attaque d’angoisse, l’inquiétude chronique, les manifestations physiques de l’angoisse, les peurs phobiques et les obsessions.
À côté de cette névrose d’angoisse dans laquelle le symptôme angoisse est central, on notera l’existence d’une angoisse, comme symptôme auxiliaire, dans un nombre important d’autres altérations de l’état mental (états dépressifs, psychose aiguës, états schizophréniques, etc.).
Quelle soit vécue de façon isolée ou associée à des dispositifs de fuite comme la phobie ou de lutte comme les obsessions, l’angoisse présente des caractères similaires.
Définition du concept d’angoisse :
Dans les langues indo-européennes, les mots désignant l’angoisse sont dérivés du latin angustiae (resserrement) et du grec agônia (agitation de l’âme). Cette étymologie, exprimant une sensation tant physique que morale, est explicitement référée par Sigmund Freud.
L’angoisse est traditionnellement décrite comme une peur sans objet. Il faudrait ajouter : sans objet repérable comme tel par un observateur extérieur. Car le sujet pris par cet accès d’angoisse aiguë se vit comme étant en danger, parfois de mort imminente. Il s’agit donc d’un état affectif douloureux, d’une attente inquiète et oppressante, d’une appréhension de quelque chose qui pourrait advenir. Comme son étymologie l’indique, l’angoisse se manifestent sur le plan psychique mais aussi de manière physique : la respiration s’accélère, le pouls s’affole, la gorge se serre, les jambes se dérobent, les mictions urinaires et les diarrhées sont assez fréquentes.
Pourquoi parle-t-on d’une « peur sans objet » ?
On parle de peur sans objet dans la mesure où la définition habituelle de l’angoisse s’applique dans le cas de l’angoisse phobique. L’angoisse phobique apparaît comme une peur à la fois irrationnelle et excessive. Elle est en effet suscitée par des situations comme les espaces ouverts (agoraphobie, souvent associée à la peur de la foule), les espaces clos (claustrophobie), les hauteurs (acrophobie, qui s’accompagne souvent de vertiges), le tonnerre ou l’orage (astraphobie), les voyages (crainte le plus souvent liée à l’éloignement de chez soi), etc., ou des animaux comme les araignées, les serpents, ou encore certains objets. La liste peut être longue !
L’angoisse phobique apparaît donc hors de proportion avec le danger réel que ces situations, animaux ou objets représentent.